Moonlight
Le
passage à l'âge adulte d'un jeune homme, Chiron, pendant l'ère de
la guerre contre la drogue à Miami.
Barry Jenkins a grandi dans le quartier le plus dangereux de Miami, Liberty City. Dans ce milieu défavorisé, il a du faire avec l’assuétude de sa mère. Tarell Alvin McCraney, co-scénariste du film, a vécu une enfance fort similaire. Comprendre d'où viennent les deux scénaristes, c'est comprendre la genèse de 'Moonlight'.
i.
Analyse
Basé
sur une pièce qui n'a jamais vu le jour ('In Moonlight Black Boys
Look Blue'), 'Moonlight' est le meilleur film de 2016. À quelques
minutes près, il aurait pu ne jamais entrer dans la lumière (des
projecteurs) et donc dans l'Histoire. Flash-back.
Barry
Jenkins aurait commencé l'écriture du script dans un bar à
Bruxelles (le Lord Byron, un endroit fréquenté par de nombreux
expats). Tous les chemins semblent aussi mener à BXL. Une
fois le travail de pré-production abattu, le film fut tourné en
seulement 25 jours. La fin de l'histoire, nous la connaissons
tou-te-s. Trois minutes d'incommensurable désenchantement pour
l'équipe du film avant que le producteur de 'La La Land' ne les
invite à monter sur scène.
'Moonlight'
est le film de tous les records. Jugez plutôt : il est le
premier film LGBT à
gagner l'Oscar du meilleur film. C'est
aussi le premier film avec un casting 100 %
afro-américain à recevoir un Oscar ! De plus, avec sa nomination à
l'Oscar du meilleur réalisateur, Barry Jenkins est le quatrième
réalisateur noir a être nommé dans cette catégorie. Et puis il y
a son ridicule budget de 1,5 millions $
(à titre de comparaison, le budget de Rocky sorti en 1976 avoisinait
1,1 millions $).
Avec
l'inflation, 'Moonlight' serait
le film le plus cheap
à avoir
remporté le
plus prestigieux des bonshommes
dorés.
L'histoire
de 'Moonlight' ne doit pas être étiquetée LGBT. Elle parle avant
tout de harcèlement physique et psychique dans des quartiers
ghettoïsés. Vous l'aurez compris, 'Moonlight' est tout sauf
un film facile. En témoigne
la musique instrumentale
qui bien que paisible au début, se voit coupée
et saccadée
à mesure que le malaise ne
perle de l'intrigue. La
photographie rivalise
d'ingéniosité avec la
musique. La scène où Paula (Naomie Harris) a l'air
d'admonester la caméra est visuellement grandiose !
James
Laxton, par le choix de teintes de bleu turquin, recrée une
atmosphère de pleine lune inédite.
ii.
Casting
Ce
n'est qu'après le début du tournage que les
trois interprètes
de Chiron
– Alex
R. Hibbert, Ashton Sanders (déjà repéré dans
'Straight Outta Compton')
et Trevante Rhodes –
se
sont rencontrés. Puisque
divisé en trois parties, le film permet aux trois lascars d'avoir le
même
temps à l'écran. Mahershala
Ali ('Hidden Figures', 'Free States of Jones', etc), Janelle Monáe
('Hidden
Figures')
et Naomie Harris (« Moneypenny »
dans 'Spectre') se
montrent tellement
convaincants
qu'ils semblent
tout droit sortir
d'un épisode de la
cultissime
série 'The Wire' !
iii.
Le mot de la fin
'Moonlight' n'est pas seulement un
exercice de style. Véritable virtuose, Barry Jenkins dirige les
acteurs comme personne. Avec sa remarquable photographie et son
scénario sincère et émouvant, 'Moonlight' mérite pleinement la
reconnaissance accordée par l'Académie. Après tout, 'La La Land'
était déjà sur toutes les lèvres..
Note : ★★★
Critique : Goupil
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