Baby Driver

Baby, un jeune et talentueux chauffeur pour braqueurs de banque (Ansel Elgort) s'évertue d'être le meilleur dans son domaine. Lorsqu'il rencontre la fille de ses rêves (Lily James), il voit une chance d'en finir avec sa vie de criminelle. Mais après avoir été forcé à travailler pour un malfaiteur haut placé (Kevin Spacey), il doit faire face à la réalité lorsqu'un braquage tourne mal et que sa vie, son amour et sa liberté sont menacés.
  


Cinquième film d’Edgar Wright (révélé avec “Shaun of the Dead”) et le premier du réalisateur à être tourné aux USA (à Atlanta), “Baby Driver” tient-il la route ?

Non, le film que vous projetez de voir n’est pas une pâle copie de “Drive” de Nicolas Winding Refn. Wright emprunte certes ça et là (un peu à “Heat” et beaucoup à “The Driver”) mais n’oublie pas de concourir au renouvellement du genre.

Partant d’une idée mise au frais pendant plus de vingt ans, le réalisateur de “Scott Pilgrim vs. The World” accouche pour la première fois d’un scénario original. Une idée qu’il a déjà portée à l’écran dans un videoclip pour le groupe Mint Royale intitulé “Blue Song”.


Entre action movie, drame et comédie romantique, “Baby Driver” a quelques relents de musical. Toute comparaison avec “La La Land” serait cependant trompeuse. Les deux/trois scènes chantées ne le font pas pour autant changer de registre.

Le long-métrage a le mérite de privilégier les effets pratiques sur les effets spéciaux ; la plupart des scènes de poursuites ayant été tournées en rue. C’est encore un bon point pour Wright. Ajoutez à cela des personnages hauts en couleur (notamment ceux joués par John Hamm et Jamie Foxx) qui apportent une excentricité bienvenue au récit. Ansel Elgort et Lily James forment un charmant petit couple à l'écran. Kevin Spacey est impeccable, comme à son habitude. Après “The World’s End”, Edgar Wright signe avec “Baby Driver” un film autrement plus sérieux : un car chase movie axé sur trois personnages : le driver, sa voiture et sa playlist faite de compilations et autres prises de son. Un véritable plaisir pour nos esgourdes !

Si les images percutent, c'est qu'elles épousent la musique à la perfection. Chaque tir, chaque crissement de pneu est calculé. Les vrombissements des moteurs donnent le La aux musiques de la sublime bande son. Les changements de mesure accompagnent les changements de plans ainsi que les mouvements des protagonistes. Bref, le réal fait preuve d’une précision millimétrée. C’est à notre sens du jamais vu !

Pourtant, à force de trop vouloir rendre hommage (une pléthore de références à “Back to the Future”, “Point Break”, “Monsters Inc.”, “Shaun of the Dead”, etc), le dernier film de Wright ne peut fonctionner tout seul. C’est un premier bémol. Ça et certains méchants encore trop caricaturaux empêchent au film de briguer une cinquième étoile.

Original, dynamique, stylé et bien ficelé, “Baby Driver” ne s'apparente aucunement à une promenade dominicale. En attestent les explosions, coups de feu et autres étalages de flingues. La scène d'ouverture vaut à elle seule le prix d’entrée. Attachez vos ceintures, car Edgar Wright vous emmène dans un ballet bitumé ultra-chorégraphié – et qui plus est rythmé – qui ne frôle jamais la sortie de route !
 
Note :
Critique : Goupil


Autre critique, autre point de vue – « Baby Driver » vu par le Professeur Grant :

I. Fast & Furious

Dans le genre fast & furious, « Baby Driver » renvoie d’emblée les cylindrées de Vin Diesel au garage. Plus fast et nettement plus furious que les âneries du monsieur muscle susmentionné, le nouveau film d’Edgar Wright en met plein les mirettes, mais aussi plein les esgourdes. Le réalisateur à l’origine de la trilogie du Cornetto (Shaun of the Dead, Hot Fuzz, The World’s End) offre une véritable leçon de mise en scène à partir d’un scénario original (enfin un blockbuster qui n’est pas une adaptation !) qui, à défaut d’être unique en son genre avec sa trame plutôt classique, maintient l’intérêt du spectateur les deux heures durant. Si le fond ne raconte pas grand-chose, la virtuosité formelle, elle, vaut le détour.

II. Playlist

En deux mots, le dénommé Baby vit sa vie en tant que chauffeur pour des braqueurs de banque. Ce gateway driver a la particularité d’entreprendre ses virées au rythme de la playlist détonante de son iPod. C’est que la musique occupe une place importante dans son quotidien. Il n’y a qu’elle qui peut résoudre ses problèmes d’acouphènes. L’occasion pour le cinéaste de nous balancer sans complexe ses morceaux favoris dans ce qui constituera une BO aux allures de compil estivale. A la solde d’un parrain du crime envers qui notre as du volant a une dette, il ne lui reste plus que quelques courses avant de pouvoir quitter définitivement ses activités criminelles et revenir dans le droit chemin. Mais le dernier braquage tourne mal. Désormais, sa liberté, son entourage et sa vie sont en jeu.

III. Le polar à travers le prisme de la comédie musicale

Après avoir quitté son poste de réalisateur sur « Ant-Man » suite à « des différends créatifs » avec Marvel, Edgard Wright s’est assez vite entiché d’une idée qu’il avait scribouillée quelques années auparavant. Un projet de « comédie musicale postmoderne d’action » qui lui tenait particulièrement à cœur, ce qui se remarque assez vite tant son film témoigne d’un profond enthousiasme ainsi que d’une énergie folle qui transparait fortement à l’écran. L’Anglais en profite au passage pour redéfinir les canons rythmiques au cinéma. Car pendant deux heures, il n’y aura pas un seul coup de frein, pas même un ralentissement. Le métrage file à tombeau ouvert et trace son chemin sans (ou presque sans) aucune sortie de route.

IV. Une mise en scène réglée comme du papier à musique

Wright met tout son savoir-faire technique au service de cette trame basique qui détient suffisamment de rebondissements et de séquences de courses-poursuites que pour s’accrocher à son siège. La maestria de sa mise en scène, réglée comme du papier à musique, est à ce titre impressionnante. Sa caméra, au ras du bitume et constamment en mouvement, donne le tempo tandis que le montage, savamment travaillé, soigné, ciselé et toujours lisible assure un rythme implacable qui ne s’essouffle jamais. C’est que pour en arriver à un résultat aussi précis et détaillé, le Britannique a travaillé sa réalisation en amont. Très tôt dans le processus de création, ce dernier a épinglé les titres qu’il allait utiliser dans le métrage. Ceci a permis à l’équipe du tournage de chorégraphier les scènes en connaissant les chansons qui allaient les rythmer. Le plan-séquence du début, sur fond de Jon Spencer Blues Explosion, est à ce titre assez sensationnel.

V. Pop

Une bande originale loin d’être gratuite car ce sont des musiques intra-diégétiques, autrement dit celles écoutées par le protagoniste. Ce dernier est incarné par l’inconnu Ansel Elgort, lequel s’en sort plutôt bien en ténébreux mutique, version rajeunie du héros de « Drive » de Nicolas Winding Refn. A ses côtés, Wright s’est offert une distribution de seconds couteaux de luxe avec Kevin Spacey (qui fait du Kevin Spacey), Jamie Foxx, en mode dérangé du ciboulot, le Mad Man Jon Hamm et la ravissante Cendrillon Lily James. A noter encore quelques caméos sympas comme la présence de Flea des Red Hot Chili Peppers ou le clin d’œil à Walter Hill, lequel réalisa « The Driver », film de chevet de Wright pour cette livraison.
Dans la bulle léthargique des blockbusters et nonobstant son final rocambolesque, « Baby Driver » souffle un vent frais de jubilation. Pop, jouissif, haletant, désinvolte, ludique, virtuose, ce thriller musical est probablement ce qui se fait de mieux actuellement dans le divertissement léger. Profitez-en !


Note :  
Critique : Professeur Grant

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