La Promesse de l'Aube


De son enfance difficile en Pologne en passant par son adolescence sous le soleil de Nice, jusqu’à ses exploits d’aviateur en Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale… Romain Gary a vécu une vie extraordinaire. Mais cet acharnement à vivre mille vies, à devenir un grand homme et un écrivain célèbre, c’est à Nina, sa mère, qu’il le doit. C’est l’amour fou de cette mère attachante et excentrique qui fera de lui un des romanciers majeurs du XXème siècle, à la vie pleine de rebondissements, de passions et de mystères. Mais cet amour maternel sans bornes sera aussi son fardeau pour la vie…







Romain Gary, l’homme aux mille et une vies. Écrivain, aviateur, résistant, diplomate…  Admettons-le tout de go, il faut être siphonné du ciboulot pour s’attaquer à son biopic. Mais le producteur Eric Jehelmann a trouvé en la personne d’Eric Barbier le sinoque suffisamment azimuté et responsable pour mettre en scène la destinée du seul auteur, à ce jour, qui peut se targuer d’avoir glané deux Goncourt.

En adaptant le roman autobiographique « La Promesse de l’Aube », le réalisateur quitte donc l’univers des thrillers (Le Dernier Diamant, Le Serpent) pour embrasser la fresque romanesque. Une tâche ardue pour le cinéaste et sa coscénariste Marie Eynard qui ont dû réduire les deux tiers de l’ouvrage tout en gardant l’essence même des écrits de Romain Gary.

Mission réussie car on se prend vite d’affection pour le destin semé d’embûches d’un homme qui n’a cessé d’agir pour exister aux yeux de sa mère. L’emprise de l’amour maternel est d’ailleurs le fil rouge sur lequel le metteur en scène construit son métrage, en prenant soin de fignoler le montage afin d’assurer une fluidité à l’image. Ainsi, le spectateur, tel un globe-trotter, est baladé de la Lituanie au Mexique en passant par la France, l’Angleterre et l’Afrique du Nord.

Des lieux divers avec des atmosphères différentes qui confèrent au film une richesse tant sur le plan visuel qu’émotionnel. Grâce aux soins apportés aux décors, costumes mais également aux effets numériques, plutôt discrets, on se passionne pour les aventures du protagoniste qu’on voit grandir pas à pas. De l’enfance difficile dans la pauvreté à Vilnius au service militaire et à l’engagement dans les troupes en Afrique durant la Seconde Guerre mondiale, en passant par l’adolescence colorée vécue à Nice, on vit les affres d’un jeune homme qui peine à se construire, écrasé par l’amour inconditionnel et incommensurable de sa mère.

Quant aux émotions, elles nous sont transmises par des comédiens chevronnés : Pierre Niney, parfait comme à l’accoutumée, mais aussi Pawel Puchalski, qui incarne Romain Gary dans sa prime jeunesse, parviennent subtilement à dessiner les contours d’un héros malmené. Alors même si, par souci de crédibilité, on aurait préféré une actrice russe ou polonaise pour jouer le rôle de la mère courage, on ne doute pas un seul instant de la sincérité de l’interprétation de Charlotte Gainsbourg qui révèle ici une facette peu connue de sa palette de jeu. De quoi lui pardonner ses excès et notamment son accent parfois surjoué. Notons encore la petite performance de l’illustre Jean-Pierre Darroussin qui, avec très peu de chose à défendre, réussit à donner de la consistance à un personnage secondaire.

Si on n’échappe ni au déferlement de violons ni à un certain académisme pompier alourdissant l’une ou l’autre séquence, Eric Barbier livre in fine une grande fresque romanesque, comme on en voit peu dans le cinéma hexagonal de nos jours. Un long-métrage d’envergure, à la fois ample et ambitieux, qui rompt la monotonie générée par la litanie de comédies franchouillardes venant régulièrement parasiter le grand écran. Du cinéma à l’ancienne, en somme, qui mérite largement le prix du ticket.


Note :
Critique : Professeur Grant

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