Solo: A Star Wars Story


Embarquez à bord du Faucon Millenium et partez à l’aventure en compagnie du plus célèbre vaurien de la galaxie. Au cours de périlleuses aventures dans les bas-fonds d’un monde criminel, Han Solo va faire la connaissance de son imposant futur copilote Chewbacca et croiser la route du charmant escroc Lando Calrissian… Ce voyage initiatique révèlera la personnalité d’un des héros les plus marquants de la saga Star Wars.




Spin-off et chaos

Décidément, les spin-off de la saga « Star Wars » ont du mal à voir le jour. On se souvient de la production chaotique de « Rogue One », il y a deux ans : la gardienne du temple Kathleen Kennedy avait dû s’offrir les services (onéreux) du script doctor Tony Gilroy pour remettre le scénario de « Rogue One » sur les rails. Avec un résultat plutôt bancal à l’arrivée. L’équipe de tournage de « Solo », elle, a carrément dû vivre le licenciement du tandem de réalisateurs hype Phil Lord et Chris Miller (The Lego Movie, c’est eux) après six mois de tournage. En cause, des différends créatifs et autres divergences irréconciliables.

Ron Howard, ce vieux briscard

C’est que le duo de fanfarons a pour habitude d’improviser sur ses tournages enchaînant les idées sur une même scène. Or, chez LucasFilm, on ne badine pas avec la franchise et on laisse très peu de place à la singularité et au compromis. Appelé à la rescousse, ce bon vieux briscard de Ron Howard (pote de George Lucas depuis American Graffiti) a quasiment tout retourné en triple vitesse. Objectif : faire le job en respectant stricto sensu la feuille de route afin d’assurer la deadline du mois de mai 2018. On pouvait dès lors craindre le pire. Au final, ce standalone film centré sur la jeunesse d’Han Solo se regarde plutôt facilement.

Tambour battant

Avec son traitement à l’ancienne et ses nombreuses scènes d’action plutôt bien troussées, « Solo » honore le cahier des charges sans révolutionner le genre. Fun, distrayant, parfois niais, parfois audacieux, avec çà et là l’une ou l’autre surprise en guise de cerise sur le gâteau, le film file tambour battant sans qu’on ne voie les 2h15 défiler sur notre montre. A l’aise dans l’exercice, le vétéran chevronné Howard fait montre de tout son savoir-faire et nous propose quelques belles idées de mise en scène. On retiendra notamment une longue et jouissive séquence d’attaque de train donnant au métrage des allures de western SF.

Une mécanique trop huilée

Là où le bât blesse concerne le récit, beaucoup trop mécanique que pour surprendre. Tous les moments attendus nous sont dévoilés sans originalité (le patronyme du « gentil vaurien », la rencontre avec Chewbacca, le face-à-face avec Lando Calrissian, le coup de foudre pour le Faucon Millenium) laissant très peu de place au mystère. Comme si le personnage s’était réalisé d’une seule traite. En outre, les Kasdan, père et fils, prennent très peu de risques et ne parviennent pas à s’affranchir des codes de la saga pour nous proposer quelque chose de neuf. Un comble quand on sait que l’objectif de ces dérivés est justement de s’écarter de la franchise pour offrir des projets différents aux aficionados.

Hail, Ehrenreich !

Si les scénaristes manquent en partie à leurs devoirs, le casting, lui, (r)assure. A commencer par la figure de proue Alden Ehrenreich, inoubliable histrion dans « Hail, Caesar ! » des frères Coen. Sans surprise et sans avoir recours au mimétisme facile, il endosse parfaitement le costume appartenant à Harrison Ford. Avec son regard malicieux et son sourire en coin, on peut facilement voir en lui le futur Han Solo de la première trilogie de George Lucas. A ses côtés, Woody Harrelson, Emilia Clarke, Donald Glover ou encore les sous-exploités Paul Bettany et Thandie Newton ne déméritent pas. Par ailleurs, on notera encore la qualité du score des John (Powell et Williams), des costumes, des décors, de la photographie, des effets spéciaux et, plus globalement, une production design irréprochable (les planètes, aliens, vaisseaux…).

En attendant l’épisode IX

Film d’aventure correct malgré un montage peu soigné, blockbuster divertissant nonobstant quelques faiblesses scénaristiques, mais aussi produit mercantile hyper formaté avec son lot de références pour réjouir le fan service, « Solo : A Star Wars Story » remplit parfaitement son rôle d’amuse-bouche en attendant le plat de résistance, le fameux « Episode IX » avec J.J. Abrams (The Force Awakens) aux commandes, qui sortira dans nos salles obscures en décembre 2019. Bref, à l’instar des superhéros de l’écurie Marvel, vous allez encore entendre parler de l’Empire galactique et ses sbires pendant quelques années, Disney capitalisant à tire-larigot sur ses franchises. Soyez prêts pour voir débouler des Star Wars Stories sur le chasseur de prime Boba Fett et l’incontournable jedi Obi-Wan Kenobi.

Note : 

Critique : Professeur Grant




Autre critique, autre point de vue :
/!\ Spoiler alert /!\

« Solo : A Star Wars Story » n’est pas la catastrophe annoncée. Pourtant, même si le dernier spin-off de la franchise créée par George Lucas s’avère correct, nous ne pouvons que déplorer la politique menée par l’empire Disney. Explications.

Sans trop revenir sur les raisons du licenciement de Phil Lord et Christopher Miller (« 21 Jump Street », « The Lego Movie »), nous sommes en droit de nous demander ce que « Solo » aurait donné si ces deux cinéastes avaient pu mener leur vision à terme. Leur erreur ? Avoir laissé une trop grande part d’improvisation, laissant plusieurs membres du casting dans le flou ; ce que Kathleen Kennedy (la productrice) et Lawrence Kasdan (le scénariste) n’auraient pas apprécié.

À l’heure où l’on ne compte plus les productions Marvel (dix-huit films en seulement dix ans), la saga Star Wars semble elle aussi vouloir passer en vitesse lumière. En atteste les dates de sorties des films. Jugez plutôt : 1977, 1980, 1983, …, 1999, 2002, 2005, …, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019. Quand papa Lucas & Cie se donnaient trois ans entre chaque SW (et un hiatus entre les deux trilogies), il faudra désormais compter sur un film par an. Conséquence directe : dites adieu au build-up. L’attente n’est plus aussi longue qu’avant et seuls les fans de la première heure semblent encore s’enthousiasmer à l’annonce d’un nouvel épisode.

Si l’on se penche sur les chiffres au box office, on constate que cette politique – même si elle remplit les caisses de Disney - n’est pas entièrement payante. « The Force Awakens » a engendré près de deux fois les recettes de « The Last Jedi ». Pourtant, qualitativement parlant, l’épisode VIII n’était pas inférieur à l’épisode VII. « Rogue One », le tout premier spin-off, a récolté encore moins que le Star Wars de 2017. Et que dire du démarrage faiblard de « Solo » ce weekend ?

L’avenir s’annonce sombre pour cette saga dont le père spirituel est maintenant retraité. D’autres spin-off ont ainsi été annoncés. Le prochain devrait se pencher sur Boba Fett. C’est le comble quand on sait que le chasseur de primes a péri dans d’atroces souffrances et a occasionné au Sarlacc une abominable digestion. À l’instar de celle que commence à ressentir le-la spectateur-trice lambda ?

Pour en revenir à « Solo », l’engouement visible des acteur-trice-s nous empêche de sortir les tomates et les œufs quand vient l’heure du générique. Alden Ehrenreich se montre plutôt convainquant. Emilia Clarke, Joonas Suotamo, Woody Harrelson, Thandie Newton et Paul Bettany assurent. Quant à Donald Glover, nous aurions aimé qu’il bénéficie de plus de screen time. La réalisation est nette, efficace. Ron Howard remplit le job de remplaçant mais peine à imposer une patte artistique. La mise en scène est correcte même si l’ensemble ressemble parfois à un trajet sur une route cahoteuse. Cela n’empêche pas le film de trouver son envol. Ceci étant dit, après la projection, aucune scène ne semble assez marquante que pour se fixer dans notre mémoire épisodique. Pire : le choix de ressusciter un personnage de la trilogie des années 2000 est vraiment discutable. Tout d’abord parce que la prélogie n’est aucunement une mine d’or nostalgique. Ensuite, ce choix présuppose que les spectateur-trice-s ont vu les séries « The Clone Wars » et « Star Wars Rebels » ; séries considérées comme canoniques depuis le rachat de Lucasfilm par Disney. Si vous n’êtes pas familier-e avec les séries, vous vous demanderez pourquoi un personnage qui a trouvé la mort dans l’épisode I réapparaît soudainement dans un film sensé se dérouler juste avant l’épisode IV. Et puis, quand bien même nous serions prêts à avaler cette énorme pilule rouge, une question demeure. Si Darth Maul était en vie pendant tout ce temps, comment expliquer qu’il n’apparaisse ni dans l’épisode II ni dans le III ?

Note:
Critique : Goupil 
 

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