Ant-Man and the Wasp
Après les événements survenus dans Captain America : Civil War, Scott Lang a bien du mal à concilier sa vie de super-héros et ses responsabilités de père. Mais ses réflexions sur les conséquences de ses choix tournent court lorsque Hope van Dyne et le Dr Hank Pym lui confient une nouvelle mission urgente… Scott va devoir renfiler son costume et apprendre à se battre aux côtés de La Guêpe afin de faire la lumière sur des secrets enfouis de longue date…
Pas
folle, la guêpe !
Quand il n’y en a plus,
il y en a encore ! Décidément, chaque saison amène avec elle son incontournable
bal masqué organisé par le promoteur Marvel. Après le raz-de-marée «Black
Panther» en hiver et le tsunami «Avengers: Infinity War» au printemps, c’est au
tour du « petit mais costaud » Ant-Man de venir parasiter la grande
toile cet été. Et pour cette nouvelle livraison, l’insecte est accompagné d’une
partenaire de charme... la Guêpe. Un acolyte bien utile pour extirper
notre héros, normalement assigné à résidence depuis ses incartades dans
« Captain America : Civil War », de certaines situations quelque
peu compliquées. Pas folle, la guêpe ! Vous l’aurez compris, l’histoire
n’a strictement rien à voir avec une quelconque fable de Jean de La Fontaine.
C’est dommage, ça aurait sans doute été mieux écrit.
Suit
up !
Comme à l’accoutumée
quand une formule fonctionne, on prend les mêmes et on recommence. Paul Rudd,
Michael Douglas et Evangeline Lilly, qui prend du galon ici (l’hyménoptère
volant du titre, c’est elle) renfilent leur costume, ajustent leur technologie
façon « Honey, I Shrunk the Kids » et vivent tous les trois des
aventures rocambolesques, pour ne pas dire sans queue ni tête, dans un métrage
mis en scène sans génie par un Peyton Reed qui n’a nullement l’envie d’apporter
une touche singulière à son entreprise, sentant bien que ce n’est pas demain la
veille qu’il décrochera sa première statuette dorée. Les dents des poules
auront le temps de pousser d’ici là. Car oui, nous sommes bien aux antipodes du
travail de fourmi ! Tout le monde semble s’être passé le mot en amont du
tournage : on cachetonne gaiement et puis s’en va. Bref, circulez, il n’y
a presque rien à voir.
Cinq
mains gauches pour un scénario en feuille de chou
Alors que le premier
volet venait souffler un vent de fraîcheur (second degré à tous les étages,
autodérision désopilante, calque astucieux sur le genre du film de casse de
haute voltige, une kyrielle d’idées de mise en scène disséminées çà et là, des
effets spéciaux renversants) dans un Marvel Cinematic Universe (MCU) qui
commençait sérieusement à ronronner, ce deuxième opus, lui, se contente de nous
proposer une resucée en mode mineur de tout ce qui nous a déjà été proposé et
file dare-dare dans le mur. Disons-le d’emblée, « Ant-Man and the
Wasp » est rébarbatif et poussif à plus d’un titre. Mais là où le bât
blesse, c’est son récit, peu inspiré et même particulièrement mal écrit, ne prenant
ni le temps ni la peine de développer ses thèmes. Pourtant cinq (!) cerveaux
ont été réquisitionnés pour bétonner ce scénario. Mais rien n’y fait, il y
avait bel et bien un poil dans chaque paume de main lorsqu’il a fallu coucher
les idées sur papier. Sans inventivité, sans cohérence, sans ambition, sans
émotion, on nous offre une trame banale, ennuyeuse, parfois fouillis mais
surtout totalement vide de sens.
«
Au diable la subtilité ! »
Nos plumitifs se sont à
ce point reposés sur leurs lauriers qu’ils usent et abusent de leurs rares
trouvailles (le running gag du costume défectueux, vous allez en
souper !) tandis que l’action y est souvent répétitive (les changements
d’échelle des courses-poursuites façon Micro Machines en mettent plein les
mirettes… plusieurs fois). Quant aux comédiens, ceux-ci sont particulièrement
mal servis. Tout ce qui relève de la psychologie des protagonistes est
désastreux. On en veut pour preuve les intentions bancales des bad guys. Totalement ridicule ! Ou quand les écrivaillons du MCU retombent
dans leurs travers, soit nous fournir des figures du mal bêtes et méchantes. On
s’imagine déjà le boss Kevin Feige, chargé de veiller à la cohérence des
franchises de la Maison des Idées, s’époumoner : « Au diable la
subtilité ! Pourvu que l’oseille coule à flots ». A ce point risible que
les auteurs n’ont eu aucune gêne à sacrifier quelques pointures du septième art
avec des personnages falots.
Une
guêpe qui ne vole pas bien haut
A l’image de la revenante
Michelle Pfeiffer, du sous-exploité Laurence Fishburne ou encore du mésestimé Walton
Goggins, lesquels ont dû très vite regretter leur participation à ce pétard
mouillé de luxe budgété à -
accrochez-vous bien - 162 millions de dollars ! Tout ça pour ça ? Même
l’humour n’atteint pas les standards marveliens.
Lourd, ça ne vole pas bien haut à l’instar des dialogues au ras des pâquerettes,
débités sans conviction par des acteurs en mode « Cut the check, bro ! »
Les comédiens rêvent sans doute déjà de leur nouveau jacuzzi dans leur
résidence secondaire, le réalisateur, intronisé tâcheron loyal, se réjouit d’ajouter
un nouveau hit standardisé à son
curriculum vitae et Disney fait sonner le tiroir-caisse sans trop forcer grâce
à cette médiocre publicité dont l’ambition est bien de vendre tout le merchandising
propre à la licence Avengers & Co. En somme, une affaire lucrative pour
tout le monde… sauf pour le spectateur, ticket de cinéma payé cher et vilain en
poche, venu voir une superproduction qui ne le prenne pas (trop) pour un bouffeur décérébré d’images. C’est raté ! Il s’en
souviendra.
Un
peu de pour, beaucoup de contre
Bien sûr, tout n’est pas
à jeter dans cette sequel qui fait le
job du divertissement formaté. On appréciera la scène d’ouverture avec le
labyrinthe dantesque dans la maison du héros, le character design du fantôme déphasé (Hannah John-Kamen fait ce
qu’elle peut), l’univers graphique du royaume quantique, quoique sous-exploité
dans le récit, les efforts fournis sur le plan des effets numériques, quelques
gags visuels bien sentis (l’assaut des mouettes, les élucubrations extravagantes
de Michael Peña mises en scène), la géniale partition de Christophe Beck qui
poursuit son excellent job sur le score du précédent opus. Mais il vous faudra
passer outre des incohérences scénaristiques, un montage peu harmonieux, une
vraie carence d’idées nouvelles et une intrigue recyclée et laborieuse. Les scribouillards
tournent en rond jusqu’à en donner le tournis au spectateur, las de se
contenter de scènes répétitives. Un Marvel secondaire qui ne laissera pas un
souvenir impérissable gravé sur la rétine. Même les collectionneurs du MCU
réfléchiront à deux fois lorsqu’il s’agira de se le procurer en Blu-ray. Reste en
définitive pour les fans hardcore une superproduction suffisamment fun et distrayante
que pour passer deux heures de son temps libre lorsque la météo vous empêche de
sortir de vos quatre murs.
Bonus :
c’est une question de bon sens !
Si malgré tout cette
Guêpe parvient à piquer votre curiosité, profitez des bonus offerts par la
production. A l’image du générique de fin, plutôt bien troussé, qui modélise
des scènes marquantes du film reconstituées à partir de maquettes. De toute
beauté ! Autre supplément livré en cadeau à tous ceux qui n’arrivent pas à
décrocher du fauteuil de la salle obscure : le réalisateur vous dévoile
une scène astucieuse liant cette historiette de pacotille au vaisseau amiral
« Infinity War », projeté dans les complexes cinématographiques en
avril dernier et bien plus imposant en termes d’enjeux et de « wow
effect ». Vous comprendrez ainsi l’absence de l’homme-fourmi dans le
pénultième « Avengers ». Quant à la scène post-crédits, absurdement
dévoilée dans une bande-annonce définitivement mal fichue, elle ne possède
aucun intérêt. Mais vraiment aucun ! Alors, un conseil :
épargnez-vous cette peine. C’est une question de bon sens.
Note : ★★
Critique : Professeur Grant
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