Le Grand Bain



C’est dans les couloirs de leur piscine municipale que Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s’entraînent sous l’autorité toute relative de Delphine, ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils se sentent libres et utiles. Ils vont mettre toute leur énergie dans une discipline jusque-là propriété de la gent féminine : la natation synchronisée. Alors, oui c’est une idée plutôt bizarre, mais ce défi leur permettra de trouver un sens à leur vie...







Splash ! Gilles Lellouche fait le grand saut dans « Le grand bain ». Après avoir coréalisé « Narco » et un sketch des « Infidèles », le comédien passe derrière la caméra en solo pour un long-métrage fortement attendu depuis qu’il a buzzé en mai dernier au Festival de Cannes. Et quel film ! Inspiré d’une histoire vraie, « Le Grand Bain » suit le défi sportif d’une poignée de pieds nickelés dépressifs dans une discipline ardue jusque-là propriété de la gent féminine: la natation synchronisée. Ces derniers s’entraînent sous l’égide de Delphine, ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils se sentent libres et utiles. Cette gageure leur permettra de trouver un sens à leur vie.

Cette chronique sociale à la « The Full Monty » est la parfaite comédie dramatique qui réussit tant sur le plan de l’humour que sur celui de l’émotion. Lellouche active l’ascenseur émotionnel et livre un récit mûri, constamment sur le fil du rasoir, débarrassé de toutes scories et finement dialogué (tout le monde en prend pour son grade avec des saillies percutantes et des répliques sarcastiques en veux-tu en voilà) qui parvient à ne pas s’embourber dans ses nombreuses sous-intrigues. Toutes passionnantes, ces dernières gravitent autour d’une trame principale captivante : nos « hommes dauphins » seront-ils prêts à temps pour participer au tournoi mondial de nage synchronisée masculine ?

Pour faire de ce film choral une œuvre inoubliable, il fallait une belle distribution de virtuoses capables de nous émouvoir avec des rôles casse-gueule de bras cassés. Et là aussi, le réalisateur ne nous déçoit pas. En haut de l’affiche, un casting de ouf ! Lisez plutôt : Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde, Jean-Hugues Anglade, Philippe Katerine, Félix Moati, Alban Ivanov, Jonathan Zaccaï sans oublier de très beaux rôles de femmes incarnées par des actrices en état de grâce (Virginie Efira, Leïla Bekhti, Marina Foïs). Des comédiens qui payent de leur personne et donnent du corps à un scénario somme toute irréprochable. En très peu de scènes, ceux-ci parviennent à nous dévoiler l’âme de leur personnage. Gilles Lellouche n’y est clairement pas étranger et montre qu’il est avant tout un excellent directeur d’acteurs.

Enfin, il faut lui reconnaître un savoir-faire indéniable dans la mise en scène. Ce dernier parvient, au moyen d’une réalisation malicieuse et maîtrisée, à transcender les instants de comédie pure tout comme à capter la beauté des chorégraphies aquatiques. L’esthétique soignée, les bonnes idées de mise en scène (le prologue à la Michel Gondry), la qualité d’écriture et le montage ultra précis finissent par nous conquérir. Générosité et créativité n’ont jamais aussi bien rimé dans ce qui s’apparente à une véritable comédie populaire, au sens noble du terme. Il n’y a pas une scène superflue, tout est agencé à la perfection comme dans une mécanique de précision bien huilée. C’est drôle, c’est frais, c’est émouvant. Alors, pourquoi se priver ? En somme, le parfait feel-good movie salutaire pour se réchauffer le cœur en cette période automnale. Allez, hop, tous en maillot !

Note : 

Critique : Professeur Grant

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