Beautiful Boy
Le
journaliste David Sheff (Steve Carell) et son talentueux fils Nic
(Timothée Chalamet) s'entendent à merveille. Mais tout bascule
quand David découvre que l'adolescent se drogue. Il met alors tout
en œuvre pour comprendre et sauver son fils.
Pour
apprécier “Beautiful Boy” à sa juste valeur, nul besoin de
s’appeler Pablo Escobar, ni de connaître quelqu’un faisant face
à une accoutumance. Fort de son succès international avec “The
Broken Circle Breakdown”, Felix van Groeningen peut-il réitérer
l’exploit passé et se réserver une place de VIP sur le banc des
réalisateurs en vogue ?
Après
“Belgica” (2016) et “De Helaasheid der dingen” (“La
merditude des choses”), le cinéaste belge transpose à l’écran
les mémoires du journaliste David Sheff et de son fils en proie à des
démons insaisissables. Les mémoires dudit journaliste avaient
d’abord vu le jour sous la forme d’un article publié dans le
magazine The New York Times et pour lequel il avait reçu la
reconnaissance de l’Association américaine de psychologie.
Pour
faire de “Beautiful Boy” une réussite, le processus
d’élaboration ne fut pas de tout repos. On retrouve ainsi un frêle
Timothée Chalamet à la limite de l’anorexie ; le jeune acteur
ayant dû perdre 9-10 kg pour le rôle. Quant au co-scénariste
Lukas Davies, il a écrit le scénario avec son sang et ses larmes
d’ancien junkie. Est-ce suffisant pour faire de “Beautiful
Boy” un grand film ?
Standing
ovation au TIFF (festival du film international de Toronto) en
septembre dernier, “Beautiful Boy” emprunte son titre aux paroles
de la chanson éponyme de John Lennon. La chanson fait référence au
fils de Lennon et Yoko Ono. Elle raconte le réconfort qu’un père
apporte à son fils après un cauchemar et se penche sur l’amour
que porte le co-fondateur des Beatles envers sa progéniture. Le
parallèle avec le film n’est qu'à un pas.
Premier
film tourné en anglais pour le réalisateur flamand, “Beautiful
Boy” parvient à montrer la laideur de l’addiction et le poids
qu’elle pèse sur les addicts et leur entourage. Sauts dans le
temps, flashbacks parmi les flashbacks, Felix van Groeningen fait
montre d’une créativité rare. Notons que l’ensemble a bénéficié
du concours de Nico Leunen, le monteur attitré du cinéaste. Les
fans de la série “The Wire” reconnaîtront certainement Bubbles, l’indic toxico de la Police de Baltimore. On
retrouve également Amy Ryan qui jouait Beadie dans la même
série.
Là
où “Beautiful Boy” va loin, c’est dans la complexité de la
relation père-fils. En 2014, “Boyhood” montrait la
déception d’un fils envers un père quelque peu immature. En 2011, “The Tree of Life” mettait en avant une figure paternelle sévère et néanmoins affectueuse. Dans “Beautiful Boy”, Steve Carell livre une
prestation inoubliable dans le rôle d’un père aimant qui peine à
reconnaître son enfant mais restant prêt à (presque) tout pour
son fils.
Avec
sa bande originale au top, “Beautiful Boy” sollicitera votre
système lacrymal avec son histoire poignante et ses prestations hors
du commun. Le film est une triple confirmation. Confirmation pour
Timothée Chalamet après sa révélation dans “Call Me by Your
Name”, confirmation pour Steve Carell qui égratigne encore quelque
peu son image de pitre (c'était déjà le cas dans “Foxcatcher” ou
encore “The Big Short”), et enfin
confirmation pour le réalisateur Felix van Groeningen qui conforte
les espoirs portés en lui.
Note
: ★★★★
Critique
: Goupil
Commentaires
Enregistrer un commentaire