Rebelles



Sans boulot ni diplôme, Sandra, ex miss Nord-Pas-de-Calais, revient s'installer chez sa mère à Boulogne-sur-Mer après 15 ans sur la Côte d'Azur. Embauchée à la conserverie locale, elle repousse vigoureusement les avances de son chef et le tue accidentellement. Deux autres filles ont été témoins de la scène. Alors qu'elles s'apprêtent à appeler les secours, les trois ouvrières découvrent un sac plein de billets dans le casier du mort. Une fortune qu'elles décident de se partager. C'est là que leurs ennuis commencent...






I. « C’est le Nord ! »

Petites touches d’humour noir par-ci, un peu d’absurde par-là, le tout teinté de surréalisme, avec un casting à l’accent particulièrement belge (la belle Cécile De France, la lunaire Yolande Moreau, l’indécrottable Patrick Ridremont, Eric Godon et sa trogne patibulaire), si « Rebelles » fleure bon la gaufre ou la frite, il se passe bien dans l’Hexagone. Dans le Nord, plus particulièrement. Un environnement compliqué à retrouver pour Sandra, l’héroïne du film.

En effet, dur, dur le retour à la grisaille de Boulogne-sur-Mer pour cette ex-Miss Pas-de-Calais devenue cagole sur la Côte d’Azur où elle a suivi son amoureux. Le retour aux réalités la frappe de plein fouet: la réalité d’une relation mère-fille compliquée, la réalité du chômage dans l’une des régions les plus sinistrées du pays, la réalité des rêves de jeunesse perdus. La réalité de se dire que rien n'a changé durant ses quinze dernières années.

II. Western social

Sans boulot ni diplôme, Sandra doit se contenter d’un job d’ouvrière dans la conserverie locale dirigée par une crapule sans scrupule qu’elle tue indirectement et… accidentellement. C’est alors que notre working girl découvre un sac rempli de picaillons dans le casier de son queutard de patron. Cette dernière décide de faire main basse sur le grisbi et de le partager avec deux autres femmes témoins de l’accident. Le début des emmerdes…

Western social mâtiné de gangster movie, ou quand la folie décapante de « Pulp Fiction » rencontre la noirceur corrosive de « C’est arrivé près de chez vous », cette première réalisation en solo d’Allan Mauduit, artisan de la série « Kaboul Kitchen », dépote et détonne à plus d’un titre.

III. Vilaines

Primo, cette farce cartoonesque mal élevée voire triviale fait plaisir à voir dans un paysage cinématographique français beaucoup trop sage car engoncé dans ses sempiternelles comédies franchouillardes ultra-typées et formatées. Ici, les femmes n’assurent pas le rôle de potiche de service ou de faire-valoir de protagonistes masculins. Elles sont fortes, ne se laissent pas faire et distribuent tant des punchlines que des coups bien sentis à qui se met sur leur chemin.

Secundo, le long-métrage se montre particulièrement jubilatoire car l’outrance n’a pas de limite. C’est noir, c’est grinçant, c’est grossier, c’est violent, c’est culotté, c’est sournois, c’est vulgaire. Pour peu, on se croirait dans une comédie sociale tout droit sortie du cinéma anglo-saxon. On retrouve ainsi le cocktail explosif qu’on avait apprécié dans la première partie de « Vilaine », coréalisé par le Français.

IV. Vit et valseuses

Tertio, le récit est traversé par quelques fulgurances (la scène du vit tranché, l’esprit « girl power ») qui valent la peine d’être vue. D’ailleurs, les trois actrices principales (le trio irrésistible de parias formé par Cécile de France, Audrey Lamy et Yolande Moreau) s’en donnent à cœur joie. Coups de pied dans les valseuses, tirs au fusil à canon scié, sournoiseries, ce triumvirat-là est totalement badass et on ne l’oubliera pas de sitôt !

Malheureusement, « Rebelles » ne tient pas la longueur et toussote dans sa dernière partie. La faute à un scénario prévisible et pas franchement original qui emprunte quelques raccourcis un peu faciles. On regrette également les clichés « prolo » sur le Nord et sa population qui pullulent jusqu’à l’écœurement. On reste également sur notre faim après un final bâclé, grotesque et filmé avec les pieds. Même l’épilogue se voit à des kilomètres.

V. Capital sympathie

Si ce n’est pas toujours maîtrisé, cette comédie désopilante jouit malgré tout d’un capital sympathie indéniable, d’une belle vitalité (le panache de la mise en scène, le montage survitaminé, le casting en très grande forme) et se montre suffisamment barrée que pour vous distraire pendant l’heure trente promises.
Résolument anticonformiste et anti-politiquement correct, cette satire sociale déjantée et truculente menée tambour battant mérite le coup d’œil.

Note : 

Critique : Professeur Grant

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