Duelles
Au début des années 1960, Alice et Céline vivent avec leurs familles dans la banlieue de Bruxelles. Elles sont les meilleures amies du monde jusqu’au jour où survient un événement tragique qui vient bouleverser leur univers quotidien.
Lynch
rencontre Hitchcock
Près de dix ans après
l’excellent « Illégal », Olivier Masset-Depasse signe son retour dans
les salles obscures avec un long-métrage diamétralement différent. Avec son
ambiance lynchienne et ses références hitchcockiennes, « Duelles » se
situe à la frontière entre le drame psychologique et le thriller paranoïaque. Au
début des années 60, Céline et Alice vivent avec leurs familles dans la
périphérie bruxelloise. Elles sont les meilleures amies du monde dans ce
tableau idyllique. Jusqu’au jour où survient un événement tragique qui vient
bouleverser leur quotidien. L’une est consumée par son deuil, l’autre sombre
dans une psychose.
Derrière
la haine
Porté par un duo
d’actrices formidables, « Duelles » vaut essentiellement pour le
face-à-face entre Anne Coesens (déjà dans Illégal) et Veerle Baetens (The
Broken Circle Breakdown). Mais pas seulement. Le Belge fait montre de tout son
talent pour lécher sa mise en scène. Avec son esthétique soignée, le film
devrait dérober pas mal de trophées techniques (costume, décor, photographie…)
lors de la prochaine cérémonie des Magritte du Cinéma. Quant au scénario adapté
du roman « Derrière la haine », il est bâti sur un solide suspense
que n’aurait pas renié un certain Alfred. Ou quand une amitié fusionnelle se
transforme en relation toxique.
Mal
de mères
Si l’on reproche bien
l’une ou l’autre maladresse (la gestion plutôt fébrile des rebondissements) et
quelques soucis de crédibilité (certaines réactions invraisemblables des
personnages face aux événements tragiques), on se passionne malgré tout pour
l’enjeu principal : Alice est-elle réellement paranoïaque ou bien lucide
quant à l’hypothétique démence de son amie ? Et le récit de poser cette
question cruciale : jusqu’où peut-on aller par instinct maternel ? Passionnant
mais non dénué de défauts, « Duelles » épate par son brio formel
autant qu’il agace avec ses quelques errances scénaristiques.
Clair-Obscur
Mais ne boudons pas notre
plaisir et saluons l’audace du metteur en scène qui exploite jusqu’au bout le
potentiel de son scénar’ en ne succombant pas à la résolution mièvre, fléau qui
entache bon nombre de métrages. Le cinéaste ne craint pas d’embrasser la
noirceur voire l’effroi, ce qui crée un net contraste avec la plastique
résolument colorée de l’environnement. Un contrepoint esthétique assumé, Olivier
Masset-Depasse jouant d’ailleurs sur les oppositions pour installer durablement
le sentiment de malaise chez le spectateur. Pas de happy end donc. A moins que
si… Réponse en salles à partir du mercredi 24 avril prochain !
Note: ★★★
Note: ★★★
Critique: Professeur Grant
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