Netflix Chronicles: Chapter 8ight
Le nerf de la guerre
Aujourd’hui, il est
impossible d’écrire sur Netflix sans évoquer ses concurrents tant ils sont
nombreux et assoiffés d’argent, le nerf de la guerre. Car c’est bien un
affrontement sans merci autour du streaming qui se joue actuellement entre les
plateformes. Dernier fait en date : la restructuration de l’empire Disney
pour renforcer ses propres services de vidéo à la demande, à savoir Disney+,
Hulu, ESPN+ et le futur Star. Objectif : prendre des parts de marché au
géant de Los Gatos.
Bye Bob ! Hello Bob !
Rétroactes. Fin février de cette
année. Bob remplace Bob à la tête de la Walt Disney Company. Comprenez
ceci : Iger s’en va, Chapek arrive. Concomitants avec ce jeu de chaise
musicale entre hommes d’affaires, de profonds bouleversements au sein de
l’organigramme de l’empire aux grandes oreilles. Et plus particulièrement une
réorganisation des divisions médias et divertissements. Autrement dit, le
changement, c’est maintenant !
Covid-19
Alors que le septième art
connaît de sérieux remous depuis le début de la pandémie, et ce dans le monde
entier, le Covid-19 modifie profondément notre manière de consommer du cinéma
et affecte structurellement les studios hollywoodiens. En ligne de mire :
les questions de santé publique (lieux clos, port du masque, distanciation
sociale, mesures barrière…) et la fermeture des salles obscures. Dans la Cité
des Anges, les majors ont réagi,
chacune à sa manière, avec des stratégies commerciales bien différentes.
Mulan v Tenet
Paramount et Sony ont
reporté aux calendes grecques toute une série de blockbusters comme les suites
de « Top Gun » et « A Quiet Place ». Mickey, quant à lui, a
proposé son tant décrié « Mulan » sur Disney+, sa plateforme de
streaming fraîchement lancée. Une décision regrettée par les exploitants de
salles qui voyaient en cette adaptation en live
action une locomotive censée appâter le grand public. Heureusement, ces
derniers ont pu compter sur Warner et sa superproduction « Tenet »
pour diffuser au moins un tentpole movie
aux cinéphiles durant la saison estivale.
And the winner is…
Le hic, c’est que le
dernier long-métrage de Christopher Nolan s’est pris le mur du coronavirus de
plein fouet avec des résultats mitigés au box-office mondial. D’ailleurs, au
regard des chiffres, c’est bien la souris de Burbank et son marionnettiste Bob
Chapek qui s’en tirent le mieux. Pour l’anecdote, aujourd’hui, l’ensemble des
plateformes de la multinationale comptent plus de 100 millions d’abonnés
payants.
… Disney+ et ses 60
millions d’abonnés !
Et si on prend la loupe,
on remarque que Disney+ a atteint les 60 millions d’abonnés à lui tout seul, un
chiffre qui a dépassé les prévisions et même les attentes les plus folles des
actionnaires. C’est pourquoi le nouveau PDG a annoncé qu’il allait booster ce
qui fonctionne, autrement dit ce que les consommateurs demandent. Si cette
transition était déjà en cours avant qu’un hurluberlu ne savoure un pangolin en
plat principal, l’épidémie n’a fait qu’accélérer le rythme.
Dixit
« Nos équipes
créatives se concentreront sur ce qu'elles font de mieux - créer un contenu de
première qualité sur la base de franchises - tandis que notre nouvelle équipe
de distribution se concentrera sur la livraison et la monétisation de ce
contenu de la manière la plus optimale sur toutes les plateformes, y compris
Disney+, Hulu, ESPN+ et le prochain service de streaming international Star »,
dixit le nouveau magnat du divertissement.
La question est vite répondue
Cela sous-entend donc que
Disney va davantage privilégier ses services de streaming pour la diffusion de
ses contenus plutôt que d’avoir recours à des intermédiaires pour toucher ses
consommateurs. Pourquoi diable s’ennuyer à sortir un film au cinéma avec des
distributeurs et des exploitants de salles qui ponctionnent une partie des
rentrées alors qu’on peut s’adresser directement aux spectateurs
confortablement assis dans leur salon sans bourse délier (campagnes marketing)
ou presque ? La question est vite répondue, comme dirait l’autre !
La boîte de Pandore
Vous l’aurez compris,
l’avenir n’est pas rose pour le cinéphile qui aime s’offrir régulièrement des
sorties dans les salles obscures. Car si Mickey ouvre la boîte de Pandore, les
autres majors hollywoodiennes ne vont
pas se priver, loin s’en faut. Ne perdons pas de vue que Warner va bientôt
sortir HBO Max, soit son propre service de streaming. Les complexes et cinémas
de quartier vont devoir innover (et vite !) pour pérenniser leur activité.
Netflix Originals
Et, vous me voyez venir,
si chaque studio récupère son catalogue de films disséminés chez les
différentes plateformes de streaming actuelles, Netflix va devoir dire adieu à
des titres attractifs et miser encore un peu plus sur des créations originales,
devenant alors une maison de production à part entière, mutation que
l’entreprise a toutefois déjà entreprise depuis ces quatre dernières années
(Scorsese et The Irishman, Cuarón et Roma etc.).
Rien n’est moins sûr
Bref, plus de streaming,
moins de cinéma. Heureusement, on n’y est pas encore et peut-être qu’on
connaîtra un sursaut des spectateurs qui retrouveront en masse le chemin des
salles obscures, une fois l’abominable Corona vaincu. En toute franchise, on
n’y croit guère. Le tout-regardant n’aura-t-il pas pris goût à ses pellicules
projetées directement à la maison ? Le Covid n’aura-t-il pas laissé des
séquelles psychologiques comme la peur d’autrui ? Les petits exploitants
de salles survivront-ils jusque-là ? Rien n’est moins sûr.
La roulette russe
En attendant, on peut
compter sur Netflix pour nous divertir grâce à un catalogue régulièrement mis à
jour. Des acquisitions, des créations originales, des séries, des
documentaires… C’est rarement qualitatif mais ça fait son office. Entendez
par-là qu’en ces temps troublés, où d’aucuns doivent rester cloîtrés chez eux
en quarantaine, on ne se refuse pas une escapade cinématographique, un ailleurs
fictionnel qui nous extirpe de notre morne quotidien. Et là, c’est la roulette
russe. Parfois, on tombe sur une pépite. Parfois sur un navet. Mais souvent sur
des films peu mémorables. A l’instar des titres chroniqués ci-dessous en 140
caractères.
Bon visionnage !
Da
5 Bloods (2/5)
Problèmes de ton, de
rythme, de cohérence mais le souci principal, c’est le traitement: Lee y va
avec de gros sabots pour aborder son sujet.
The
Old Guard (2/5)
Prince-Bythewood croit
naïvement que son scénario est suffisamment futé que pour le prendre au premier
degré et se passer d’humour. Risible.
Project
Power (2/5)
Stars en roue libre,
récit indigent, direction artistique douteuse… mais c’est divertissant. Il
coche toutes les cases de la formule Netflix
Eurovision Song Contest: The
Story of Fire Saga (1/5)
Cela aurait dû être une
satire corrosive. C’est in fine un eurotrip
kitsch aussi lisse que mollasson qui ne décroche même pas un sourire.
Enola
Holmes (3/5)
Millie Bobby Brown a de
l’abattage, de la présence, du charisme. Tout plaide en sa faveur! Elle
transcende ce young adult movie un
peu pâlot
Wasp
Network (2/5)
Ramirez et Assayas ne
parviennent pas à rééditer l’exploit “Carlos”. La faute à une écriture
grossière incapable d’affiner les enjeux.
Balle
Perdue (3/5)
Ce qu’on a vu de plus
réjouissant dans le genre action made in France depuis… Pêchu, ramassé, Pierret
fait le job non sans un certain brio !
The
Willoughbys (1/5)
Pearn ne nous ménage pas
en colmatant cahin-caha les défauts (animation laide, humour faiblard, trous d’air
du récit) d’un film trop véloce.
The
Half of It (3/5)
Si Wu ne parvient pas à
éviter les écueils du teen movie,
elle réussit néanmoins à livrer un regard tendre et intelligent sur
l’adolescence.
The
Devil All The Time (3/5)
Difficile d’être touché
par une œuvre qui s’enfonce à ce point dans un misérabilisme vain. Miracle, le
casting haute couture sauve le récit.
Bonus de dernière minute
The
Babysitter : Killer Queen (1/5)
Une suite poussive et
dispensable avec des effets cheap, un humour bas-de-plafond et un scénar’ qui
s’étiole après dix minutes. Consternant!
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