King Richard
Will
Smith : du Fresh Prince au King Richard
Avec « King
Richard », biopic centré sur la figure paternelle qui a fait des sœurs Venus
et Serena Williams les championnes des courts tennistiques que tout le monde
connaît, Will Smith entend claironner que sa carrière en dents de scie n’est
pas uniquement jonchée d’immondes navets (Suicide Squad, After Earth, Gemini
Man, Bright) et de divertissements pop-corn décérébrés (Bad Boys, Men in Black,
Independence Day, Hancock). Le Fresh Prince of Bel-Air tient à montrer à qui
veut le voir que sa filmographie s’est également bâtie sur des drames reposant
eux-mêmes sur des rôles de composition avec lesquels il a pu exprimer toute l’étendue
de son jeu. Et le spectateur de se rappeler au bon souvenir de métrages tels
que « The Pursuit of Happiness » et « Ali » pour les plus
connus, mais aussi « Concussion » ou « Six Degrees of Separation »
passés sous les radars.
Masterplan
Avec « La Méthode
Williams », le quinquagénaire tient là un nouveau personnage à la hauteur
de son immense talent, aux antipodes des costumes de héros sans profondeur
auxquels on le cantonne trop souvent. Et avec à la clef, une nomination à l’Oscar,
s’il vous plaît. Et s’il brigue la statuette dorée, ce ne serait pas volé tant
sa performance, entre génie et folie, s’avère d’une incroyable maîtrise. Ce
dernier parvient à rendre la folle complexité du patriarche visionnaire. Une
incarnation toute en nuances et en subtilité d’un homme aussi obstiné que têtu qui
se cramponne contre vents et marées, envers et contre tous, non pas à son rêve,
mais à son plan. Un masterplan qui
prend la forme d’une bible de 78 pages décrivant l’entraînement de ses futures
championnes. Inflexible, rien ni personne ne pourra entraver son projet, quitte
à s’opposer aux entraîneurs professionnels aguerris.
Casting
aux petits oignons
Si l’ogre Will Smith
attire naturellement la lumière et dévore toutes les scènes de son appétit
insatiable, le reste de la distribution est au diapason. Que ce soit le casting
de la sororité Williams où chaque jeune comédienne parvient à tirer son épingle
du jeu pour former une famille authentique ou le choix des seconds rôles
adultes. A ce propos, si le talent dingue du sous-estimé Jon Bernthal (alias the Punisher dans la série Marvel
éponyme sur Netflix) n’est plus à souligner, ce dernier parvenant à chaque fois
à se fondre dans son personnage quel que soit le genre auquel il est associé,
on retiendra également la très belle prestation d’Aunjanue Ellis (vue récemment
dans la série HBO Lovercraft Country) donnant une réelle profondeur
à Oracene Williams, mater familias, pilier et roc inébranlable de cette
tribu.
Classicisme
lénifiant
Seule ombre au
tableau : un classicisme lénifiant tant dans le fond que dans la forme. La
mise en scène d’une platitude désolante et le récit beaucoup trop lisse que
pour donner du corps à l’ensemble plombent un film qui manque cruellement
d’envergure et de personnalité. Jamais, le tandem formé par le réalisateur
Reinaldo Marcus Green et le scénariste Zach Baylin ne parviendra à donner du
relief à cette success-story. Si le duo s’attache à peindre un portrait
intimiste de ce père protecteur prêt à tout pour atteindre son but, il ne
réussit jamais à exploiter le sport qu’il décrit. Le tennis est une discipline
mentale où la rage côtoie la frustration. On ne sent jamais cela à travers
l’œil de la caméra. Le traitement s’avère beaucoup trop sage et c’est peut-être
une conséquence de sa production, la famille Williams étant directement
impliquée.
Note : ★★★
Critique : Professeur Grant
Commentaires
Enregistrer un commentaire