The Creator
Dans
un futur proche, humains et intelligence artificielle (IA) se livrent
une guerre sans merci.
Soldat américain infiltré en Asie, Joshua est séparé
de sa femme Maya au cours d’un assaut. Supposant que celle-ci est
décédée, il rentre aux États-Unis, complètement dévasté. Cinq
ans plus tard, l’armée lui demande de revenir sur le terrain,
craignant qu’une puissante intelligence artificielle n’ait créé
une arme qui permette à l’Orient de gagner la guerre qu’elle
livre à l’Occident. Sentant son utilisation proche, elle souhaite
qu’il la trouve et la détruise.
Alors que la bataille contre les intelligences artificielles fait rage (Au dernier épisode : George R.R. Martin attaque Open AI en justice), Gareth Edwards quitte le banc de touche et cela, six ans après « Godzilla ». Tiendrait-il enfin son magnum opus ?
Ceci n’est pas un blockbuster
Écrit pendant la pandémie, « The Creator » raconte une histoire ambitieuse dans des environnements captivants. Les effets spéciaux ne sont pas en reste puisque le cinéaste déploie ici tout son savoir-faire (il est technicien FX à la base). Les quatre-vingt millions de dollars de budget ne laissaient pas présager une telle claque visuelle. Gareth l’a pourtant fait et délivre une somptueuse masterclass à ses condisciples. Nul doute que le film fera date sur ce point.
SF 2.0
Ne cherchez pas le débat philo dans « The Creator », le film mise essentiellement sur son esthétisme. Le monde futuriste dépeint est original et montre une science-fiction loin de tout déjà-vu où il est question de transhumanisme et de lutte pour la survie des espèces. Les visuels et performances sont magnifiés par une photographie solide dans l’ensemble. Les sublimes plans (larges, pour la plupart) accentuent l’immersion dans des environnements presque palpables tant la construction du monde est crédible. L’équipe du film, très réduite, s’est déplacée aux quatre coins de l'Asie. Les scènes tournées au Népal sont d'ailleurs époustouflantes. Les équipes d’ILM se sont ensuite chargées d’incruster les bâtiments et autres détails numériques dans le matériel tourné. Le directeur de photographie Greg Fraser a malheureusement vite été remplacé par un chef op moins connu (mais aussi moins expérimenté) au vu de l'implication de ce-dernier dans « Dune 2 ». Le tout manque donc quelque peu d’homogénéité. Certains plans sont légèrement écrasés tandis que d’autres frôlent tout simplement la perfection.
The one
Si John David Washington porte le film sur ses épaules en assurant dans les scènes musclées tout comme dans les scènes émotionnelles, le cœur du récit est lié à Madeleine Yuna Voyles, une child actress dont le potentiel est désormais incontestable. Allison Janney joue quant à elle la méchante de service qui s’ignore. Ken Watanabe (Saito dans « Inception ») est pour sa part une fois de plus bouleversant de réalisme ! La musique épique de Hans Zimmer se veut tantôt discrète, tantôt efficace.
« A.I. » + « The Last of Us » = « The Creator » ?
L’important n’est pas la destination mais le voyage. Cette maxime résume parfaitement le pseudo blockbuster qu’est « The Creator ». Bien que son scénario aurait pu être mieux fignolé, le film convainc sans mal avec un panache certain (tout s’enchaîne de manière vertigineuse) et un look Cameron-esque. Œuvre de fiction, « The Creator » fait réfléchir bien que nous soyons encore très loin des fantasmes de quelques mégalomanes en quête de singularité technologique. Alors, oui, on pourrait dire que le film n’est qu’un méli-mélo d’hommages, qu’il ne pousse pas le curseur philosophique assez loin, et que la critique de l’impérialisme américain manque de mordant. On pourrait, mais ce serait nier le plaisir procuré par ce long-métrage !
Note : ★★★
Critique : Goupil
Autre critique, autre point de vue – « The Creator » vu
par le Professeur Grant :
The Creator : l’originalité, panacée contre la
« franchise-fatigue »
Lorsque la planète cinéphile
aborde le cas Gareth Edwards, elle évoque ses deux moins bons longs-métrages, à
savoir le tout juste fréquentable Godzilla
et le beaucoup trop surcôté Rogue
One : A Star Wars Story, faisant fi de son meilleur (et premier) film
à ce jour, Monsters, petit bijou indé
fauché tourné avec trois francs six sous. Une œuvre de SF singulière et maîtrisée,
dotée d’une trame narrative rondement menée, d’une direction artistique fignolée
et d’effets-spéciaux soignés. Des qualités qu’on retrouve, plus de dix ans
après, dans sa fresque d’anticipation The
Creator, actuellement dans les salles obscures. Ça ne vous dit rien ?
Tant mieux ! Il s’agit d’un récit original et non d’une adaptation. Une
rareté, voire une anomalie dans le paysage des sorties ! Une bouffée
d’air frais pour les spectateurs bâfrés de méga-franchises. Qu’est-ce que ça fait
du bien de ne pas voir débarquer un remake, un reboot, un spin-off, une suite,
un « legacyquels » ou autres joyeusetés qui fleurent bon le
réchauffé !
Des influences cardinales parfaitement digérées
Cela étant, le cinéaste ne vient
pas de nulle part. D’ailleurs, il assume totalement ses références, que ce soit
Blade Runner de Ridley Scott, Terminator 2 : Judgment Day signé
James Cameron, Star Wars imaginé par
George Lucas, ou encore AI : Artificial Intelligence paraphé
par ce bon vieux Steven Spielberg. Bref, que des pontes de la science-fiction
hollywoodienne. Ainsi, le cinéphile naviguera en terrain connu dans cette
histoire se déroulant dans un futur apocalyptique, au cœur d’une guerre sans
merci entre humain et intelligence artificielle (IA), et au cours de laquelle
un soldat endeuillé protège un enfant-androïde. Rien de bien original, in fine.
Et c’est précisément dans le déroulé programmatique de son scénario que The Creator faiblit. Heureusement,
Edwards fait montre de sa créativité en tant que virtuose de la mise en scène.
Sa réalisation finement étudiée et ses plans parfaitement composés donnent une
ampleur considérable à un récit précipité et cousu de fil blanc.
Plein les mirettes !
Et c’est d’ailleurs ce qu’on
retiendra de cette proposition qui, outre les réflexions intéressantes abordées
sur la thématique de l’IA, comme les enjeux autour de la conscience et de la
mort des machines, fourmille d’idées visuelles : les rayons-scans bleutés, les robots-bombes, le bras bionique du
protagoniste, l’environnement rural d’Asie. Son ambition esthétique cyberpunk,
sa générosité dans l’action, son rythme mené tambour battant, sa photographie
léchée, sa direction artistique impressionnante, et l’ingéniosité technique
associée, quand on sait que cette superproduction n’atteint pas les 100
millions de dollars de budget, sont autant de qualités à découvrir sur grand
écran, et si possible en Imax. Ecrivons-le sans ambages, ce Creator sous-financé, par rapport aux tentpole movies estivaux, possède plus
de « gueule » que n’importe quelle Marvelerie boursouflée. Souvenez-vous des incrustations numériques
hideuses du dernier Ant-Man en
début d’année !
Un blockbuster au-dessus de la mêlée
Allons droit au but, le résultat
est celui d’un spectacle total, d’un grand huit palpitant avec son lot
d’émotion, d’explosions et de séquences mémorables. A ce propos, ne boudons pas
notre plaisir, nonobstant ses faiblesses narratives et une composition musicale
étrangement anodine, voire fade, pourtant signée par le maestro Hans Zimmer,
nous avons droit à un blockbuster à couper le souffle, qui pousse à la
réflexion tout en garantissant la promesse du divertissement faite durant la
campagne promotionnelle. Cerise sur le gâteau, le projet est servi par une
distribution aux petits oignons sans vedettes bankable à l’horizon. En sus de John David Washington (Tenet) qui
joue le rôle principal, on retrouve, devant la caméra, Allison Janney (I,
Tonya), Ken Watanabe (The Last Samurai), Gemma Chan (Eternals) ainsi que la
jeune Madeleine Yuna Voyles, qui fait ses premiers pas à l’écran et qui,
sacrebleu !, ne démérite pas face aux autres comédiens. Bref, The Creator, c’est un grand oui !
Note : ★★★
Critique : Professeur Grant
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