Ferrari


 

C'est l'été 1957. Derrière le spectacle de la Formule 1, l'ancien coureur Enzo Ferrari est en crise. La faillite menace l'usine que lui et sa femme, Laura, ont construite à partir de rien dix ans plus tôt. Leur mariage instable a été ébranlé par la perte de leur fils, Dino, un an plus tôt. Ferrari a du mal à reconnaître son fils Piero avec Lina Lardi. Pendant ce temps, la passion de ses pilotes pour la victoire les pousse à la limite alors qu'ils se lancent dans la périlleuse course de 1 000 miles à travers l'Italie, la Mille Miglia.



Ferrari : Il Commendatore vu par SuperMann

Quinze ans qu’on n’avait plus apprécié une œuvre signée de la main de Michael Mann sur grand écran dans le Royaume. Soit une éternité pour le cinéphile biberonné à Heat, The Insider ou encore Collateral. Pourtant, le réalisateur avait bien tenté une percée dans les salles obscures en 2015 avec le très médiocre Blackhat, finalement inédit dans nos contrées, mais les scores insuffisants au box-office américain ont tôt fait de ranger ce navet dans les abysses du placard de l’oubli. Depuis, silence radio pour l’Américain qui a fièrement passé le cap des quatre-vingts printemps. Il n’a pourtant pas chômé pendant ce temps, prenant la plume pour écrire le préquel et la suite de Heat dans un « roman cinématographique », dixit l’octogénaire, sobrement intitulé Heat 2 et paru l’an dernier. Son ambition : trouver les financements et le mettre en scène dans les prochaines années avec Adam Driver dans la peau de Neil McCauley, jadis joué par Robert De Niro. Nous, on signe ! Et puis, notre SuperMann s’est également passionné pour un autre projet, celui qui nous intéresse dans cette critique : le biopic partiel du « Commendatore » Enzo Ferrari, l’homme derrière le légendaire cheval cabré.

Laura, Lina e la Mille Miglia

Dans le costume du constructeur automobile, un acteur au patronyme tout désigné. Adam Driver reprend son accent italien approximatif, délaissé depuis le tournage de House of Gucci de Ridley Scott, dans lequel il jouait Maurizio Gucci. Le quadragénaire, toujours aussi intense dans son interprétation, livre une prestation habitée qui répond à la performance sentie de Penélope Cruz en Laura Ferrari, l’épouse bafouée qui tient les cordons de la bourse. Tous deux se retrouvent au cœur d’un récit qui prend place en 1957, autrement dit une période charnière pour l’ancien coureur devenu entrepreneur. Son mariage bat de l’aile, sa maîtresse Lina (l’irréprochable Shailene Woodley au jeu empreint de naturel), avec qui il a eu un fils illégitime, s’impatiente et son entreprise devenue un gouffre financier est au bord de la faillite. Il lui faut absolument remettre de l’ordre dans sa vie privée et professionnelle, mais surtout gagner la Mille Miglia, mythique compétition d’endurance d’environ 1600 kilomètres se déroulant exclusivement sur des voies publiques. Objectif : s’octroyer un joli coup de pub face au grand rival Maserati, mais aussi intéresser les investisseurs et relancer les ventes de ses prestigieux bolides.

A tombeau ouvert

Accrochez vos ceintures ! Michael Mann a beau enquiller les années, ce dernier déjoue les affres du temps avec une fougue juvénile qui laisse pantois. Ecrivons-le sans ambages, le cinéaste n’a rien perdu de sa verve, toujours prêt à vous refiler des sensations fortes. Pied au plancher et caméra au ras du bitume, ce dernier fait vrombir les moteurs et crisser les pneus en orchestrant des scènes de course à couper le souffle, lesquelles ne sont pas sans rappeler les séquences époustouflantes sur le circuit du Mans dans Ford v Ferrari signé James Mangold, et pour lequel il officiait déjà en tant que producteur. Au moyen d’une mise en scène parfaitement maîtrisée, le réalisateur nous embarque avec panache dans le cockpit et nous fait ressentir le danger permanent qui accompagne les pilotes de ces véritables tombeaux à ciel ouvert. Si le spectacle automobile vaut le coup d’œil, Mann éprouve plus de difficultés à embrasser le drame et à dresser le portrait intime de l’industriel de Modène. La faute à un scénario balisé qui manque de reprise et à un montage qui expédie systématiquement les moments tragiques. De petites embardées narratives, certes, mais pas de sortie de route.

Note : 
Critique : Professeur Grant

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