Inside Out 2
Fraîchement diplômée, Riley est désormais une adolescente, ce qui n’est pas sans déclencher un chamboulement majeur au sein du quartier général qui doit faire face à quelque chose d’inattendu : l’arrivée de nouvelles émotions ! Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût - qui ont longtemps fonctionné avec succès - ne savent pas trop comment réagir lorsqu’Anxiété débarque. Et il semble qu'elle ne soit pas la seule...
Pixar sens dessus dessous
Qu’est-ce qu’elle fut compliquée
l’entrée dans les années 2020 pour Pixar ! Tant au niveau qualitatif que
commercial, le studio d’Emeryville a essuyé plusieurs échecs consécutifs.
Hormis un Soul d’excellente facture
et un Elemental qui fait péniblement
illusion, les autres métrages ne resteront pas dans les annales de
l’animation : l’inconsistant Onward,
le faiblard Luca, le peu passionnant
et ultra fatigant Turning Red ou
encore le navet intersidéral Lightyear
ont tôt fait de ranger la lampe bondissante dans le placard de l’oubli.
De la suite dans les idées
Pour relancer la machine qui
s’est considérablement enrayée durant la pandémie, Disney n’a pas fait dans la
dentelle. Des suites. Encore des suites. Toujours des suites. Avant le retour
des infatigables super-héros de la saga Incredibles
pour une troisième aventure et le come-back inespéré des increvables jouets de
la franchise Toy Story pour une
cinquième histoire, la maison de Mickey nous offre aujourd’hui une nouvelle
plongée dans la psyché complexe de Riley, héroïne bouleversante du chef-d’œuvre
Inside Out, signé Pete Docter.
Ascenseur émotionnel
Rebelote, nous revoilà dans la
caboche de la jeune fille en compagnie de Joie, Colère, Tristesse, Dégoût
et Peur, ses fameuses émotions qui lui en font vivre de toutes les couleurs.
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à l’arrivée de
nouvelles petites créatures dans leur QG. Leurs noms : Envie, Ennui,
Embarras, sans oublier leur cheffe Anxiété. Vous la voyez venir, cette
cohabitation va se dérouler dans la douleur. Et c’est reparti pour un ride sentimental lancé à bride abattue
dans l’ascenseur émotionnel de celle qui a débarqué, entretemps, dans la
période ingrate de l’adolescence.
Sans surprise
Quand l’effet de surprise a
disparu, que reste-t-il à sauver d’une suite poussive et roublarde qui
n’éprouve aucune gêne à se reposer sur ses lauriers ? Pas grand-chose, ma
petite dame ! Ce deuxième opus souffre d’autant plus de la comparaison
avec l’original qu’il s’en rapproche énormément, notamment dans le lot des
péripéties, ce qui refile au spectateur un désagréable arrière-goût de déjà-vu.
Passé l’annonce des nouvelles émotions, argument marketing pour faire de Vice-Versa une licence à part entière,
il n’y a rien de passionnant à se mettre sous la dent.
Des scénaristes peu inspirés qui manquent le coche
D’autant plus que les scénaristes
ne semblent pas vouloir s’intéresser aux sursauts émotionnels qui marquent le
passage à l’adolescence. En se concentrant sur un épisode anecdotique de l’histoire
personnelle de Riley (un stage de hockey…), ceux-ci passent à côté de leur sujet,
à savoir l’exploration de la puberté et du tourbillon psychologique qui s’en
suit. Ils s’entêtent à renouer avec les souvenirs de la gamine alors que le
véritable terrain de jeu se trouve devant leurs yeux : son intégration dans
le monde cruel des jeunes (nouveaux environnements, camarades, codes
esthétiques, diktats sociaux…).
Beau mais creux
Bref, s’il y avait bien matière à
réaliser une suite, que tout le monde attendait d’ailleurs, vu l’univers des
possibles avec ce concept génial (merci Pete Docter, encore une fois !),
cette sequel en mal de créativité et
bien trop sage pour sa thématique principale pèche par un manque criant
d’ambitions et semble finalement avoir été mis en chantier pour les mauvaises
raisons. D’aucuns pourront toujours s’extasier devant les qualités techniques
de l’animation (travail des textures, fluidité des mouvements, jeu des couleurs…),
mais quand il n’y a rien à mettre en forme, cela sonne, in fine, terriblement
creux.
Mickey sourit
Un coup d’épée dans l’eau pour cet
Inside Out 2 qu’on aurait aimé
adorer. Handicapé par son récit sans aspérité et ses personnages trop lisses,
ce vingt-huitième long-métrage estampillé Pixar reste un divertissement
familial recommandable, pour peu que vous ne le compariez pas avec les fictions
emblématiques de la glorieuse période 1995-2010. Un faux pas qui n’a aucune
incidence sur le box-office, que du contraire, le métrage culminant à 1,7
milliard de dollars. De quoi motiver Mickey à poursuivre sa politique de
suites… On a définitivement les films qu’on mérite !
Note : ★★
Critique : Professeur Grant
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