Django Unchained


Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle – morts ou vifs.

Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves…

Lorsque Django et Schultz arrivent dans l’immense plantation du puissant Calvin Candie, ils éveillent les soupçons de Stephen, un esclave qui sert Candie et a toute sa confiance. Le moindre de leurs mouvements est désormais épié par une dangereuse organisation de plus en plus proche… Si Django et Schultz veulent espérer s’enfuir avec Broomhilda, ils vont devoir choisir entre l’indépendance et la solidarité, entre le sacrifice et la survie…






Retenez bien son nom: D-J-A-N-G-O, Django! (The «D» is silent). Telle est la nouvelle pépite dégotée par l’enfant terrible du cinéma américain, alias Quentin Tarantino. Comme à l’accoutumée, son film se résume à une sombre histoire de vengeance saupoudrée çà et là de plusieurs sursauts de violence, voire d’hyperviolence par moment. Et donc, comme d’habitude, le métrage heurtera les âmes sensibles et ravira les amateurs de défoulements sanglants. Car de l’hémoglobine, il y en a des litres. Que dis-je? Des hectolitres! Une manière pour le réalisateur de s’écarter du réalisme et, de surcroît, de minimiser l’impact sur les pupilles des spectateurs les plus fragiles. Takeshi Kitano ne faisait pas autre chose lorsqu’il a actualisé la légende de  Zatoichi, en 2003, dans son œuvre homonyme.
QT nous revient au cinéma après trois années et demie d’absence. Un retour fracassant dans un genre que celui-ci affectionne particulièrement mais qu’il n’a pas encore eu l’occasion d’aborder: le western spaghetti. Que vaut véritablement ce Django Unchained, vaguement inspiré de «Django» (1966) avec Franco Nero qui fait d’ailleurs une délicieuse apparition dans le film? Les afficionados tarantiniens adoreront. On retrouve tout ce qui fait son style: longues séquences dialoguées, répliques aux petits oignons, violence exacerbée et stylisée, personnages magnifiquement croqués, ses tics de mise en scène, humour tordant, bande originale anachronique avec quelques jolies trouvailles dont du Ennio Morricone etc. Les détracteurs, eux, trouveront une nouvelle raison d’abhorrer son cinéma: réalisation complaisante, voyeurisme et apologie d’une violence gratuite, longueurs… Et, qu’on se le dise, il y a tout ça dans son nouveau long-métrage.
S’il ne fallait ressortir que l’un ou l’autre élément, on mentionnera la qualité des interprétations. Christoph Waltz en premier. Comédien hors-pair et atypique dans le monde du cinéma, l’Autrichien prend un véritable plaisir à jouer un personnage, cousin pas si lointain du colonel nazi Hans Landa d’Inglourious Basterds. Il ne fait aucun doute, les meilleures scènes sont les siennes. A ses côtés, Léonardo DiCaprio et Samuel Lee Jackson offrent également de solides performances en bad guys. Le beau gosse révélé par Titanic montre - enfin! - autre chose qu’un rôle «Oscar Friendly». Quant à Jamie Foxx, il incarne un Django crédible et charismatique qui passe du statut d’enchainé à celui de déchainé. A noter également le caméo de Jonah Hill dans la séquence la plus drôle du film en tant que membre du Ku Klux Klan ainsi que l’apparition de Tarantino «himself» dans une scène… explosive!
Mais, on retiendra également le gros point noir du film: sa durée. 2h45. Excessif! Surtout pour une histoire qui se résume à peu de chose. QT aurait pu facilement couper vingt minutes dans la deuxième partie du métrage sans nuire à la qualité de son œuvre. En outre, le cinéaste ne propose rien de neuf. S’il change effectivement de genre à chaque fois qu’il prend sa caméra, ce dernier se contente d’appliquer son art de la même manière, ce qui nous donne la sensation étrange de voir le même film dans des décors différents. Tarantino, caricature de lui-même, «fait son cinéma» sans s’essayer à de nouveaux horizons. Ce qui pourrait lasser, à terme. Innover pour ne pas être prévisible, telle sera la gageure à relever lors de son retour dans les salles obscures.

Note: ★★★
Critique: Professeur Grant

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