Beau Is Afraid

 

 

Beau tente désespérément de rejoindre sa mère. Mais l’univers semble se liguer contre lui… 

 


Comédie cauchemardesque

Joaquin Phoenix est Beau Wasserman. Véritable spectateur de sa propre existence, Beau a dès son plus jeune âge appris à se méfier de tout et à envisager le pire. Conséquence : Beau a peur, peur de tout. Tout ce qui se passe à l’écran est la somme des pires choses qui pourraient lui arriver. Très vite, les anxiolytiques ne suffisent plus et ses peurs prennent alors la forme d’un immense château de cartes duquel notre protagoniste ne semble plus pouvoir s’échapper.

Pour son troisième long-métrage, Ari Aster (« Hereditary » & « Midsommar »)

fait de la peur son sujet. Cela faisait longtemps que cette idée lui trottait dans la tête puisque le film est librement basé sur un court métrage que le cinéaste avait réalisé en 2011 dans le cadre de ses études.

S’il n’est pas aisé de définir ce qu’est « Beau Is Afraid », on peut dire ce qu’il n’est pas : un puzzle ou une enquête à résoudre. D’aucuns y verront un étrange voyage existentiel quand d’autres penseront plutôt à un chaotique périple métaphorique. Une chose est sûre : « Beau Is Afraid » est un récit kafkaïen, une tragi-comédie, un film déluré larger-than-life dont la vision provoque immanquablement un rire involontaire

/!\ Spoilers dans le prochain paragraphe /!\

La complexité de l’intrigue se situe dans la relation œdipienne avec la mère de Beau. C’est là que se situe le nœud du problème. Au cours du dernier acte, on apprend que la mère de Beau, cette femme toxique et castratrice, s’est rendue coupable des pires crimes qui soient : séquestration, manipulations et autres tortures mentales et même filicide. Pas étonnant que Beau souffre de pantophobie.

Au niveau casting, on retrouve un Joaquin beaucoup investi. Il fait ses propres cascades, passe du rire aux larmes, de la terreur au soulagement en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Amy Ryan et Nathan Lane viennent lui prêter main-forte de manière convaincante pour une bonne partie de cette folle aventure.

« Beau » est in fine un mélange de genres et de styles, un véritable film / collage tant il pullule d’idées originales. Côté technique, cette variété s’illustre dans une section animée et emplie de poésie du plus bel effet qui sonne comme un interlude gentillet avant un terrible et terrifiant troisième acte. Les prothèses utilisées pour vieillir Joaquin Phoenix sont plus que convaincantes, quant aux décors et accessoires, ils semblent bien réels et renforcent l’immersion.

Cauchemar comique

Audacieux, unique, vibrant mais ô combien étrange et malaisant, « Beau Is Afraid » est un divertissement qui laisse pantois, confus et inconfortable. C’est moins un film d’horreur qu’un cauchemar collectif. Pensez « Truman Show » rencontre Grippe-Sou, le Clown Dansant.


Note :

Critique : Goupil


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